En cette toute fin d’année 2009, le risque a encore mauvaise presse : le pape bousculé par une fidèle lors de la messe de Noël, l’attentat déjoué sur le vol Amsterdam/Détroit et hier la fuite d’eau sur un vol d’American Airlines New-York/Paris ayant conduit l’avion à un atterrissage d’urgence.
Voilà que réapparaissent ce que Nassim Nicholas Taleb, philosophe des sciences du hasard, ancien trader et expert en mathématiques, nomme les Cygnes noirs, ces événements improbables qui jalonnent notre vie. L’imprévisible ne relève pas seulement du hasard et peut-être devrions nous ajouter, dans nos sociétés, à la mission de "risk-manager" celle de la "gestion de l’imprévisible".
Face à ces derniers événements, des mesures sont en train d’être prises pour maîtriser le risque futur : l’entourage du pape indique revoir les procédures de protection, Barack Obama promet des mesures de sécurité renforcées et s’indigne au cas particulier de l’absence de prise en compte par les services de renseignement d’une alerte connue mais non exploitée l’on pourrait presque dire d’un "leading indicator" non surveillé.
Je ne peux m’empêcher de faire un rapprochement entre les décisions prises suite à ces événements et la grève des dabistes de ce mois de décembre qui réclamaient une revalorisation de leur prime de risque. D’un côté on essaie de limiter le risque et de l’autre on l’accepte, plus encore on le monnaye.
La revendication de ces salariés m’a quelque peu interpelé, j’aurais compris que ceux-ci exigent la mise en place de procédures destinées à accroître leur sécurité voire une augmentation de salaire destinée à rémunérer leur vigilance accrue dans l’exercice de leur métier. Tel n’est pas le cas puisque le risque est visiblement accepté par ces salariés. J’ai même pu lire, à la suite de la revalorisation de cette prime de risque, un journaliste engagé qualifier cette décision "d’avancée sociale" ! La prime de risque devenue une "avancée sociale" ! On pourrait d’ailleurs s’interroger sur la réaction de ces mêmes salariés si demain, par la mise en place de procédures ad-hoc, on leur garantissait le "zéro risque" en contrepartie de la suppression de la prime de risque… A n’en point douter cela engendrerait un nouveau conflit avec comme revendication un retour à un environnement de risques !
Mon propos est un rien provocateur mais la lecture d’un arrêt du 27 juillet 2009 du Conseil d’Etat m’a pour le moins étonné. La Haute Assemblée a ainsi considéré qu'un technicien de l'environnement commissionné au titre des eaux et forêts, affecté à la direction de la recherche et des études de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, peut prétendre au versement de la prime de risque bien qu'il ne soit pas exposé dans sa pratique professionnelle à un quelconque risque !
Une prime de risque versée à un fonctionnaire qui ne court aucun risque !
Une prime de risque versée à un fonctionnaire qui ne court aucun risque !
Banaliserait-on la signification du risque ?
Que dire aussi de l’article intitulé « négocier son salaire à l’embauche en période de crise » paru dans le Journal Du Net de septembre 2009 et qui délivre le conseil suivant : "votre profil est recherché ? Sachez demander une prime de risque pour quitter votre poste actuel." Dans ce conseil, il eut peut-être mieux valu exprimer une notion de prime à l’embauche ou pourquoi pas de "golden hello" !
J’ai récemment eu l’occasion d’échanger sur le thème de la gestion des risques avec le manager d’un grand groupe d’équipementier industriel. Il m’indiquait que dans son organisation la notion même de prime de risque était inenvisageable car il n’était pas question mettre en risque un salarié fut-ce en contrepartie d’une prime afférente. Il illustrait son propos en me racontant qu’une fois un directeur d’établissement situé à l’étranger lui avait demandé l’autorisation de verser une prime de risque pour le déplacement d’un cadre dans un pays dit sensible. Son premier reflexe avait alors été de dire que si la mission envisagée présentait des risques, il convenait d’annuler celle-ci.
J’ai récemment eu l’occasion d’échanger sur le thème de la gestion des risques avec le manager d’un grand groupe d’équipementier industriel. Il m’indiquait que dans son organisation la notion même de prime de risque était inenvisageable car il n’était pas question mettre en risque un salarié fut-ce en contrepartie d’une prime afférente. Il illustrait son propos en me racontant qu’une fois un directeur d’établissement situé à l’étranger lui avait demandé l’autorisation de verser une prime de risque pour le déplacement d’un cadre dans un pays dit sensible. Son premier reflexe avait alors été de dire que si la mission envisagée présentait des risques, il convenait d’annuler celle-ci.
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Je profite de cette fin d’année pour vous adresser tous mes meilleurs vœux de réussite et de performance pour 2010 mais aussi pour remercier toutes celles et tous ceux qui me suivent sur ce blog de DAF qui a enregistré depuis sa mise en ligne, le 1er octobre 2009, 4620 visites. Merci encore et en espérant vous voir encore plus nombreux en 2010.
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